"La destruction", Charles Baudelaire

La destruction
Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon;
II nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction!
* * * * *
A destruição
A meu lado, o Demônio, sem pausa, se move;
circula ao meu redor leve, de ar impalpável;
trago-o e logo sinto fogo em meus pulmões
abertos a desejo eterno e condenável.
Às vezes, ao ver o amor que a Arte desperta,
Assume a forma de mulher em modo pleno,
E, valendo-se de falsa palavra aberta,
Acostuma meus lábios a infame veneno.
Arrasta-me para longe do olhar de Deus,
Ofegante, fatigado, os escombros meus
nas terras do Tédio, profundas e desertas.
Lança nos olhos tomados por confusão
Vestes sujas, infectas, feridas abertas,
E a engrenagem sangrenta da Destruição!
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction!
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